Test - Steins; Gate Elite

Au sein des genres de niche, chers au cœur des gamers et théâtre de nombreuses discussions animées entre les aficionados, celui des Visual Novel est sans nul doute l’un des plus enjoués.

Style de jeu bien particulier, très lourdement porté sur la narration, à la durée de vie généralement lourde et accentuée par des embranchements et fins multiples, le Visual Novel porte ses qualités sur son intrigue, le développement de ses personnages, et la complexité/l’attachement de son univers. C’est un terrain sur lequel les éditeurs japonais tirent généralement leur épingle du jeu, à la croisée de l’anime et du jeu semi-interactif, aux personnages hauts en couleur et aux dialogues sans fin.

Faisant partie des étendards du genre, Stein’s Gate bénéficie désormais, au même titre que la série Zero Escape ou Danganronpa, d’une aura « culte » qui lui a ouvert la porte d’éditions sur le marché occidental, et plus grand public, une grande partie des titres du genre ne passant pas la porte de la localisation.

C’est donc aujourd’hui le 1er titre de la série Steins;Gate, sortie initialement en 2009, qui bénéficie d’une nouvelle édition surfant sur à la fois sa nouvelle popularité ainsi que sur l’anime japonais réalisé autour de l’histoire du jeu, appuyé par des scènes supplémentaires réalisées spécifiquement pour le jeu. Il bénéficie donc aujourd’hui d’un habillage complètement animé et doublé (japonais uniquement), habilement intégré et synchronisé avec les textes à faire défiler par le joueur.

Cette nouvelle version sort désormais sur Playstation 4, Playstation Vita, et Windows (ces trois versions offrant un remaster HD du jeu de 2013 Steins;Gate : Linear Bounded Phenogram), mais également sur Nintendo Switch (qui offre quant à elle en bonus un titre inédit sous la forme d’un jeu 8-bit dans l’univers).

Le jeu prend place dans un univers contemporain japonais, en plein cœur de Tokyo, où l’on croise rapidement ses quartiers les plus célèbres (Akihabara particulièrement), et autres bâtiments qui parleront à ceux ayant pu s’y rendre. Les thèmes chers à la série y sont lourdement présents et l’intrigue s’articule autour des théories et pratiques du voyage temporel (changer le passé et le futur, gérer les potentiels paradoxes temporels), le tout grâce à une découverte faite par les personnages principaux leur permettant d’envoyer des messages textuels dans le passé.

Au sujet des personnages principaux, il est à noter que ces derniers sont très typiques de la culture japonaise, avec tout ce que cela peut impliquer d’attachant ou d’agaçant selon votre sensibilité. D’un point de vue plus global, Steins;Gate est un titre qui baigne dans le Japon de bout en bout : les personnages s’expriment avec les tics ou exagérations de langage que l’on y voit régulièrement, les personnalités cochent une grande partie des cases connues des amateurs d’anime (adolescente simple et mignonne, informaticien obèse et un peu renfermé, scientifique de génie à tendance dominatrice, ...).

Le personnage central, Rintaro Okabe, en est le parfait exemple, dans toute son excentricité : adolescent se prétendant savant-fou, s’exprimant de deux manières différentes, il s’imagine et se représente comme étant en lutte secrète avec un conglomérat international voulant sa mort, qu’il nomme « L’Organisation ». Paranoïaque, se parlant souvent seul au téléphone et éclatant parfois d’un rire démesuré, il porte en permanence une blouse de laboratoire et se fait passer pour un génie qu’il n’a pas l’air de forcément être.

Très rapidement le joueur est également présenté à Mayuri, une amie d’enfance du héros, qui s’exprime à coup de jingle personnalisé, insiste sur le fait d’appeler Okabe Rintaro « Okarin » malgré ses réticences, et dont la passion est la réalisation de costumes de « cosplay ».

Comme vous pouvez le voir, pour apprécier Steins;Gate il ne faut pas être allergique à la culture japonaise populaire, dans toute son excentricité et sa démesure de personnages et situations.

 

Mais au-delà de ces points, le jeu nous présente régulièrement des concepts scientifiques extrêmement bien décrits et complexes, et l’intrigue tissée autour du voyage dans le temps se met rapidement en place, pour ne plus nous lâcher jusqu’à la conclusion, ou plutôt une des conclusions. En effet le jeu offre une multitude de fin alternatives plus ou moins heureuses ou dramatiques, axées autour des choix faits par le joueur, et on ne peut qu’applaudir la complexité des embranchements et la manière avec laquelle tout se met parfois en place et se recoupe.

Les twists sont nombreux, le niveau de détail très présent, et la manière avec laquelle les personnages évoluent et l’histoire se déplie expliquent très rapidement pourquoi Steins;Gate est considéré par beaucoup comme un des piliers du genre.

 

Étant donné la manière dont se joue un Visual Novel (la majeure partie du temps est passée à lire des lignes de dialogue, regarder des images animées ou statiques, et être témoin du déroulement de l’histoire), le Gameplay en lui-même reste au final assez limité.

Mais pour que le voyage soit appréciable, il faut malgré tout que l’interface et le fonctionnement du jeu soient plaisants. Sur ce point, le jeu fait un quasi sans-faute : l’enrobage en lui-même est de grande qualité, au niveau musique comme au niveau visuel ; l’interface est travaillée, stylisée, sans jamais être difficile à lire, et toutes les fonctionnalités permettant à chacun de customiser son expérience sont présentes et parfaitement implémentées. Le joueur a ainsi le choix de la vitesse de défilement du texte, peut activer un passage automatique des dialogues sur différents rythmes, sauter les scènes si besoin, un système de sauvegarde/chargement rapide a été mis en place, avec de nombreux emplacements de sauvegarde disponibles pour explorer tous les embranchements du jeu.

Autant de très bon points pour s’immerger au mieux dans l’univers et l’histoire de Steins;Gate, et profiter de ses personnages hauts en couleurs et de son histoire scientifico-aventuresque

Sur ce point, Steins;Gate fait également un travail de haute volée : les personnages sont attachants, l’intrigue et ses ramifications très prenantes, et les rebondissements nombreux. On se laisse porter par ces étudiants qui découvrent un moyen de changer le passé, et leur lutte contre une organisation du futur qui tentera à tout prix de récupérer cette machine. Les relations s’entremêlent, les enjeux sont de plus en plus lourds, le tout habilement enrobé de théories de voyage dans le temps, d’amourettes d’étudiants et de dystopie.  

Ce portage d’un des titres phare du genre est donc un succès, reprenant ce qui a fait le succès initial et critique du titre, son histoire et ses personnages, et le remaniant avec un visuel de grande qualité, des fonctionnalités idéales pour l’apprécier à son juste titre, et une sortie sur consoles modernes. Les versions Switch et Playstation Vita restant les plus adaptées de par leur portabilité et leurs veilles instantanées, le jeu se savoure pour autant sur tous les supports, et on se laisse vite porter par l’intrigue pour en découvrir les maillages et épilogues de cette valeur sure du genre.

 

17/20

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